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Création de Kaija Saariaho

« Reconnaissance », une création de Kaija Saariaho
sur un livret d’Aleksi Barrière

Le 24 septembre 2021 à la Biennale de Venise, accentus et le chef Marcus Creed créeront la nouvelle pièce de la compositrice Kaija Saariaho, Reconnaissance. Ils partiront ensuite en tournée au November Music (Pays-Bas), à la Chapelle Corneille à Rouen, et au Musée du Louvre à Paris. Madrigal futuriste, la création de cette pièce de Kaija Saariaho est un événement pour le répertoire contemporain.

Kaija Saariaho, Reconnaissance – sur une commande d’accentus
« The First Martian In A Long Time» (Le premier martien depuis longtemps)
« Count Down » (Compte à rebours)
« Interlude: Intercepted Radio Transmission (Solaris) » (Interlude : Transmission radio interceptée (Solaris))
« Green House » (Serre)
« Desert People » (Peuple du désert)
« Requiem » (Requiem)

Kaija Saariaho © Andrew Campbell

Kaija Saariaho ©Andrew Campbell

 

Une œuvre pour chœur futuriste sur notre conscience environnementale

Reconnaissance ouvre une fenêtre sur un futur apocalyptique. Les ressources de la Terre bientôt épuisées, l’humanité explore Mars en vue de la coloniser. Mais la pièce s’achève sur un « Requiem ». L’humanité a besoin avant tout d’un miroir pour faire face à ses responsabilités. Plutôt que la reconnaissance d’un terrain que l’on souhaite s’approprier, il s’agit plutôt de se connaître à nouveau, de prendre conscience de ce qu’est aujourd’hui l’humanité.

L’écriture pour chœur apporte une profondeur supplémentaire à ce livret. Une œuvre pour chœur parle de l’expérience collective et de sa relation avec les voix individuelles. Il faut réussir à créer un « nous », à coexister ensemble, en harmonie.

 

Reconnaissance, sur un livret d’Aleksi Barrière

Dans Reconnaissance, Kaija Saariaho et Aleksi Barrière ont souhaité reprendre des codes du madrigal de la Renaissance. Tout comme la science-fiction du XXe siècle, cette forme polyphonique a cappella offre des images saisissantes d’un futur possible afin de faire réfléchir l’auditeur. C’est ainsi qu’est né ce « madrigal de science-fiction », le premier du genre.


La note d’intention d’Aleksi Barrière, librettiste

« Le mot « reconnaissance » contient deux idées contradictoires : l’une héroïque et militaire d’exploration de l’inconnu, aussitôt contredite par l’autre, celle de retrouver dans ce qu’on découvre ce qu’on connaissait déjà, peut-être son propre reflet inquiétant. Les images en haute-définition que l’on peut aujourd’hui voir des paysages désertiques de la planète Mars, jadis couverts de fleuves et d’océans qui abritaient peut-être la vie, nous évoquent cette même impression contradictoire, sans doute proche de la contemplation métaphysique à laquelle l’imagerie apocalyptique des madrigaux de l’école franco-flamande invitait les auditeurs du 15e siècle. C’est de ce rapprochement qu’est née l’idée d’un « madrigal de science-fiction », associant donc deux genres qui partagent une profonde affinité existentielle. De fait, la musique chorale met aussi en jeu l’articulation de voix individuelles et d’une destinée collective qui s’écrit : qui dit « je », et qui dit « nous » ? Ces catégories sont ébranlées par l’époque que nous vivons, qui pour la première fois nous oblige à penser, au-delà des identités connues, ce qui nous réunit comme espèce, éventuellement dotée d’un futur commun, ou peut-être d’aucun futur du tout.
Par ses trouvailles qui interrogent musicalement ce qu’est un chœur, la partition de Kaija Saariaho met en scène l’humanité elle-même, telle qu’elle s’exprime autant de manière fragmentée que tout ensemble, et à travers chaque groupe et même chaque individu. Son futurisme à elle se passe de l’électronique attendue – un de ses instruments préférés pourtant – pour revenir à la matière sonore brute des voix, de la contrebasse et de la percussion, métal contre chair. Une « nuit étoilée » comme elle sait en offrir, certes, mais lacérée de la violence qui nous a conduits des canyons aux étoiles, nous qui nous rêvons conquérants et, face aux catastrophes, nous oublions migrateurs. »

 

Kaija Saariaho, une « connaissance intime de la voix » *

«Née en 1952, Kaija Saariaho est une compositrice finlandaise influencée par la musique spectrale, elle mêle une recherche sur le timbre, l’électroacoustique et le multimedia. Figure centrale d’une génération de compositeurs et d’interprètes finlandais de renommée et d’influence internationales, Kaija Saariaho a été honorée par les plus grands prix de composition. »
Retrouvez sa biographie sur le site de France Musique.

Le 10 juillet 2021, Kaija Saariaho a présenté son opéra Innocence au Festival international d’Aix-en-Provence, en création mondiale et sous la direction de Susanna Mälkki. Découvrez la captation d’Arte Concert ci-dessous. Le Festival d’Aix-en-Provence vous propose également une rencontre en visio avec la compositrice et Magdalena Kožená, qui interprète la Serveuse dans Innocence. Cliquez ici pour accéder à leur chaîne Youtube.
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Cliquez sur l’image pour découvrir la captation sur Arte Concert.

Aleksi Barrière, librettiste de Reconnaissance, était déjà aux côtés de Kaija Saariaho pour l’opéra Innocence. Il était dramaturge pendant l’écriture et la composition, et créateur de la version multilingue du livret.

« Après l’écriture et la composition d’Innocence, Kaija Saariaho m’a proposé de travailler avec elle sur une pièce pour chœur, et c’est naturellement que nous avons continué dans Reconnaissance un sillon commencé dans l’opéra, avec notamment le multilinguisme – qui caractérise beaucoup mon travail de librettiste – et le choix étonnant pour Kaija Saariaho d’un sujet contemporain. En allant, dans un sens, plus loin dans ces deux directions. » Aleksi Barrière

 

L’engagement d’accentus pour la création contemporaine

accentus, nommé Centre national d’art vocal par le Ministère de la Culture, s’investit dans la création contemporaine, militant pour l’élargissement du répertoire a cappella.
Ainsi, accentus commande chaque saison à des compositrices et compositeurs des œuvres nouvelles, qui seront interprétées par lui ou le jeune chœur de paris du CRR de Paris. Cette dynamique permet d’enrichir perpétuellement le répertoire ainsi que d’offrir à de jeunes compositrices, comme Sivan Eldar, une place dans le paysage culturel national voire international, par la diffusion de leurs œuvres.

Référence dans l’univers de la musique vocale, accentus met ses 30 années d’expérience et le talent de ses chanteurs au service de ces pièces contemporaines.

 

Ressources pour les chefs de chœur et chanteurs

Le Cen, centre de ressources dédié à l’art choral, met à votre disposition la partition de Reconnaissance dans sa bibliothèque au cœur de Paris, dans le 8e arrondissement.
Vous pouvez également lire le livret de l’œuvre et sa traduction en français directement sur le site du centre de ressources, cliquez ici.